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Michel Charbonneau : hommage à un véritable héros chrétien

Photo of Michel Charbonneau speaking.


par René Lussier

Dans les missions chrétiennes d'aujourd'hui, le nom de Michel Charbonneau se distingue nettement. Depuis qu'il a cru en Christ, le parcours de Michel a montré à quel point la foi et l'engagement peuvent être puissants, laissant un impact durable partout où il est passé.

Jeunesse et appel

Michel était le deuxième d'une famille de 10 enfants. Il a commencé à travailler très jeune et a occupé de nombreux emplois, tout en vendant de la drogue. Puis, à l'âge de 21 ans, il a eu un grave accident de moto qui l'a plongé dans le coma pendant huit jours, suivi d'une hospitalisation de plusieurs mois. Peu après, le jeune frère de Michel lui a présenté Louise. Ils se sont mariés et ont eu trois enfants.

Dans les années 70 et 80, un réveil spirituel a déferlé sur le Québec. De nombreux jeunes, comme Michel et Louise, ont trouvé Christ et ont été baptisés du Saint-Esprit. Michel et Louise se sont convertis le jour même où ils ont entendu l'évangile à l'église du Carrefour Chrétien des Maskoutains (CCDM) en février 1975. L'appel de Dieu s'est fait sentir très tôt pour Michel et il a rapidement commencé à partager la Parole. Il a même participé à la fondation d'une église sur la rive sud de Montréal.

Mon épouse Brigitte et moi-même avons connu Michel et Louise avant qu'ils n'acceptent Jésus. Michel a été le premier à partager sa foi avec Brigitte. Après notre nouvelle naissance, Michel nous a enseigné les fondements de la foi lors d'un cours pour nouveaux croyants. Manon, une amie, raconte :

J'ai rencontré Michel à l'automne 1976 lors de ma conversion. Il est devenu mon mentor. Chaque semaine, il organisait une évangélisation de rue. Il initiait toujours de nouveaux projets. Je me souviens qu'il avait acheté à un fermier une charrette que nous avions repeinte. Il voulait l'utiliser pour aller chanter et partager notre témoignage dans les parcs. C'était un visionnaire et un homme de foi qui aimait vraiment les âmes perdues. Lui et sa femme, Louise, ont marqué les débuts de ma vie chrétienne.

Michel a obtenu son diplôme de l'Institut biblique et théologique Formation Timothée en 1981 et est devenu pasteur. Michel et Louise ont ensuite déménagé à Matane en Gaspésie où ils ont vécu pendant six ans. Ces années ont été de dures années de pionniers. Ils servaient diverses assemblées et tenaient trois réunions chaque dimanche dans trois villes différentes et éloignées l'une de l'autre. Pendant cette période, Michel a également fait partie de l'équipe responsable d'un programme intensif de formation de jeunes disciples appelé Mission Gaspésie, que lui et Louise ont ensuite dirigé pendant quelques années.

Missionnaire en Côte d'Ivoire

En 1986, répondant à l'appel à servir, Michel et sa famille se sont engagés dans une mission en Côte d'Ivoire. Là, sa foi a été mise à l'épreuve et sa détermination a été renforcée. Les défis étaient immenses : barrières culturelles, différences linguistiques et risque permanent de maladie. Pourtant, rien ne pouvait l'arrêter. Chaque mois, il organisait des conférences en brousse et des nuits de prière. Certains marchaient jusqu'à trois jours pour y assister. Des milliers de personnes sont venues entendre l'évangile. Des centaines ont été baptisées et 3 000 personnes ont reçu une guérison divine. Denise, qui a participé à des missions avec Michel, se souvient :

[J'ai connu] un peu plus Michel et Louise lorsque je suis allée avec une équipe en Côte d'Ivoire. Toujours calme, Michel nous a guidés, a organisé des soirées de chants et de témoignages, a projeté un film avec des enfants assis sur ses genoux. Il participait toujours au montage et au démontage du matériel. Son but était d'atteindre les villages non atteints. Avec respect et tact, il rencontrait les chefs ou les rois des villages pour avoir l'autorisation de présenter l'évangile. Il savait négocier avec des mentalités différentes.

Dernière mission en Haïti

En 1996, Michel Charbonneau a reçu un nouvel appel qui l'a conduit directement en Haïti. Avec le même engagement que celui dont Louise et lui avaient fait preuve en Côte d'Ivoire, ils se sont installés à Port-au-Prince, où le combat spirituel était nécessaire pour percer la culture locale. Néanmoins, par la puissance de la prière et conduits par le Saint-Esprit, ils ont réussi à établir une église multifonctions avec une école du dimanche de près de 1 000 personnes –principalement des enfants et des jeunes – ainsi qu'un programme de parrainage et de nutrition de plus de 700 élèves. Pendant 28 ans, ils ont formé une nouvelle génération de jeunes femmes et de jeunes hommes croyants qui apporteront l'espoir et la guérison à leur pays.

La capacité de Michel à établir des liens avec les gens, comprendre leurs besoins et apporter de véritables solutions est tout à fait remarquable. Mario, qui a fait des voyages en Haïti pour apporter son aide, écrit :

Avec Michel, j'ai appris une nouvelle notion de serviteur, à faire non pas ce que j'aime mais ce que Michel veut. Il savait reconnaître les talents et les utiliser. Il est difficile pour un Canadien de se lancer dans les missions, car cela demande de la résilience. C'est avec Michel que j'ai appris à travailler avec le Saint-Esprit, à lui faire confiance sans quoi notre sécurité pouvait être menacée.

Alain, qui s'est rendu en Haïti pour aider Michel une douzaine de fois, a déclaré :

C'était un missionnaire visionnaire; lorsqu'un projet était en cours de réalisation, il en commençait un autre. Il était comme Néhémie, il travaillait sans relâche et c'était un homme de prière. Avant l'aube, il était debout et on pouvait l'entendre prier, confiant sa journée au Seigneur. Il était gentil, compatissant et très patient, quels que soient les problèmes. La phrase que nous entendions sans cesse dans sa bouche était : « Ça va aller », car pour Michel, qui était continuellement confronté à toutes sortes de problèmes et de crises, il y avait toujours une solution.

Michel et Louise ont eu des problèmes de santé, et Michel est devenu aveugle au sens de la loi, ce qui les a amenés à rentrer au Canada périodiquement pour des examens médicaux. C'est ainsi que ma femme et moi avons repris contact avec eux ces dernières années. Nous avons écouté leurs histoires incroyables et leurs projets. Lors de leur dernier séjour dans notre ville natale, du mois de mars au 1er octobre 2024, j'ai enregistré un message vidéo qui s'est avéré être le dernier de Michel. Dans ce message, il exprimait clairement leur détermination à retourner en Haïti : « Même si la situation n'est pas plus sûre, nous sommes prêts à y mourir, et nous sommes prêts à y vivre ».

Tragiquement, peu de temps après, c'est en Haïti que Michel a connu une fin prématurée. Louise m'a raconté que le Saint-Esprit avait montré à Michel que son heure était proche. Une semaine avant sa mort, il a appelé une enseignante dans son bureau et lui a dit : « Je vais mourir et je vais voir Jésus ».

Assou, un jeune homme de 23 ans, fait partie de la famille de Michel et Louise depuis l'âge de huit ans. Lorsque Michel a vu Assou pendant cette dernière semaine, il lui a dit : « C'est toi qui me remplaceras à la maison ».

Le décès de Michel est une perte profonde pour tous ceux qui l'ont connu et pour ceux dont il a touché la vie. Johnkendy, un étudiant, a écrit : « Tu voulais que notre pays soit sauvé. Tu t'es sacrifié corps et âme pour nous. Merci Michel, nous nous reverrons là-haut ».

Une vie célébrée

En nous souvenant de Michel Charbonneau, nous célébrons une vie bien vécue, une vie consacrée au service de Dieu et des autres. Selon les mots de ceux qui l'ont connu, Michel était plus qu'un simple missionnaire; il était un ami, un mentor et un véritable héros chrétien. Le pasteur Guy, qui dirige l'église CCDM, où Michel et Louise ont été sauvés dans leur jeunesse, a écrit : « Michel et Louise sont des modèles inspirants pour tous ceux qui veulent répondre à l'appel de Dieu. Michel est un véritable héros de la foi. »

L'histoire de Michel est un puissant rappel de ce que signifie vivre une vie ayant un but et faire une différence dans le monde. Personnellement, si je pouvais résumer la vie de Michel en deux mots, ce serait « sans réserve ». À l'instar de l'apôtre Paul, aucune distraction ne lui a fait perdre de vue son objectif; il s'est efforcé d'atteindre la récompense céleste. Il laisse derrière lui un héritage qui continuera à inspirer et à guider les futurs missionnaires. Sa vie nous rappelle que les vrais héros sont ceux qui vivent sans réserve pour Dieu et pour les autres.

La vie de Michel Charbonneau a peut-être pris fin, mais son ministère se perpétue à travers le cœur attentionné de Louise et de tous ceux qu'ils ont aimés et servis. Souvenons-nous de Louise et de leurs trois enfants, Naomi, Louis-Pierre et Maxim, ainsi que des enfants qu'ils ont accueillis dans leur famille en Haïti, qui pleurent la perte d'un mari et d'un père aimant.

Puissions-nous tous nous efforcer de suivre les traces de Michel, de vivre avec la même passion et le même dévouement pour faire briller la lumière de Jésus partout où le Seigneur nous envoie.

René Lussier a été missionnaire en Asie pendant 29 ans. Avec son épouse Brigitte, il vit à Saint-Hyacinthe, au Québec, où il est pasteur associé à l'église CCDM.

Cet article est paru dans le numéro d'avril/mai/juin 2025 de testimony/Ressources, une publication trimestrielle des Assemblées de la Pentecôte du Canada. La revue Ressources est publiée en français seulement. © 2025 Les Assemblées de la Pentecôte du Canada.

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Toutes les photos sont une gracieuseté de René Lussier.

Michel and Louise Charbonneau leaving for Côte d'Ivoire in 1996 with three children.

 

Michel Charbonneau greeting a king in the Ivory Coast.

 

A large group of children.